Je pars faire une expérience de survie

#45- Ou comment ramener du croustillant à raconter.

avr. 09, 2024

Hello 👋

Me revoilà pour l’édition #45 de Chapitre (la newsletter où je te raconte les coulisses de l’écriture de mon 1er roman et mes apprentissages en cours de route). Objectif : terminer écriture et réécriture en 2024.

On est maintenant 524 par ici ! Bienvenue aux 50 nouveaux depuis la semaine dernière (Louise, Savine, Gwendal, François, Vincent et tous les autres ) 💛

De retour à Paris (donc à la bibliothèque), mais pas pour longtemps. Je pars lundi pour une aventure un peu spéciale. Plus d’infos en bas de cette édition.

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Programme

La théorie de l’iceberg
Trois pépites à découvrir
Une expérience de survie en Méditerranée

La théorie de l’iceberg

Ernest Hemingway aurait écrit le roman le plus court de l’histoire.

En 6 mots. On parle d’ailleurs de flash fiction ou de “six words stories”. Pour la petite anecdote, il existe un site, Six word Stories, dédié à ces récits ultra courts. Mais revenons-en au sujet principal. La flash fiction d’Hemingway. Et la voici :

“For sale : baby shoes, never worn.”

Pourquoi c’est du génie ?

C’est bref et efficace oui. Mais surtout ? On retrouve dans ce récit les incontournables d’une histoire et notamment l’intrigue :

Le bébé est-il décédé ?
Le bébé était-il un garçon ou une fille ?
Y a-t-il eu une fausse couche ? Un avortement ?
La femme a-t-elle quitté l'homme avant la naissance ?

Ici, la narration repose plus sur les détails que l'on omet que sur ceux que l'on inclut. Et cela rejoint un concept phare d’Hemingway : la théorie de l’iceberg 🏔️

Explications : ce n'est pas ce qui se passe dans l'histoire qui est important, c'est ce qu’il y a autour. Ici, les six mots font l'effet d'un coup de poing. De cette façon, l’auteur invite chaque lecteur à faire preuve d’imagination. À faire ses propres déductions. À créer sa propre histoire. En d’autres mots ? Le lecteur devient un conteur secondaire. Un participant actif. Un co-créateur. Brillant non ?

Cette anecdote fait écho à l’édition où je vous parlais du tournage du film Les dents de la mer de Steven Spielberg ✨

Trois pépites à découvrir

Et hop, quelques nouvelles trouvailles que je me devais de vous partager 👇

Une bibliothèque sous terre : ça se passe au Japon, sur un terrain abandonné et rempli de débris de construction. Un superbe projet au croisement de l'agriculture, de la lecture, de la nature et de l'architecture.
Une ode au livre : un ouvrage illustré qui vaut le détour. 120 autrices et auteurs ont été invités à compléter la phrase “Le livre c’est…”. Exemple avec Agathe Ruga : “le livre c’est le seul objet qui permet d’apprendre à tuer, disparaître, et faire l’amour tout en restant assis avec un air sérieux”. J’adore !
Sans téléphone : à Amsterdam, The offline club propose des événements 100% déconnectés où les téléphones sont interdits. Le but ? Débrancher, prendre part à des activités créatives (lire, écrire, peindre, etc..), créer du lien. Résultat ? 150 000 abonnés à peine un mois après le lancement. Solide non ?

Non mais la beauté de cette bibliothèque.

Écriture : le brevet de natation 🌟

C’est le retour d’une rubrique que vous adorez, l’exercice d’écriture.

Cette fois-ci, c’est l’histoire d’une nana qui doit passer un brevet de natation pour une future expédition… Mais qui est plus à l’aise sur terre que dans l’eau. C’est parti.

Je suis là, dans mon winter body, plantée face au maître nageur. Il fait froid. Trop froid. J’ai davantage envie d’être au coin du feu qu’à demi à poil dans cette piscine municipale. Pourtant, pas le choix. Je fais donc un pas de plus. “Bonjour, je peux vous aider ?” il dit en levant le sourcil gauche. Sourcil si dense que je prie secrètement pour que le chlore n’ait pas le même effet sur ma pilosité.
- Oui, j’ai pris rendez-vous. Je suis là pour un brevet de natation débutant, j’ai dit.
Il y a eu un blanc. Il m’a regardée, incrédule. Il m’a scannée de bas en haut. Le haut semblait être bien plus haut que ce qu’il avait en tête. Il a fait les yeux ronds et a rigolé avant de reprendre :
- pardon, c’est que je m’attendais à ce que ce soit un enfant.
J’ai eu envie de le pousser dans le bassin mais cela aurait été malvenu. J’avais besoin de ce papier. Aussi dignement que possible, donc avec une tête décorée d’une capote bleue sur le crâne, je lui explique. Je pars pour une expérience de survie en mer. Cinq jours à la dérive sur un radeau en Méditerranée. Ses yeux clignotent. Il m’écoute même si je sens que mille questions lui viennent en tête, puis me répond :
- D’accord, il vous faut quoi du coup pour le brevet ? Un plongeon et un aller retour, ça irait ?
J’approuve en faisant un huit avec la tête. Oui et non en même temps. Au mot plongeon, la chair de poule s’est invitée sur ma peau. Bombe oui. Plat aussi. Mais plongeon… Ça risquerait d’être moche. Sur le ton de la blague, je sous-entends que niveau plongeon, je suis plutôt dans le style caillou qui tombe à pic que sirène. Il sourit et me dit “okay, vous n’avez qu’à sauter dans l’eau, comme si vous sautiez du bateau, et nager 50 mètres”. Parfait, ça c’est dans mes cordes. Je m’exécute. Il a la bonne idée de ne pas faire de zèle. Il file remplir le papier avant même que je touche l’autre côté de la piscine. C’est dans la poche. À moi l’expédition.

Petit aperçu du radeau. On sera 40 là-dedans.

Clap de fin de cette édition #45.

L’exercice ci-dessus est basé sur une histoire vraie.

Je pars la semaine prochaine pour une expérience de survie en mer (qui devrait durer entre 2 et 5 jours). Pas de téléphone. Pas d’internet. Pas de toilettes. Pas de douche. Je serai avec 40 personnes à la dérive sur un radeau (donc une grosse bouée). Le but ? Fournir des données aux médecins et psychologues et concevoir des embarcations qui permettent de garantir les meilleures conditions le plus longtemps possible (hygiène, psychologie, etc…). Du coup, pas de Chapitre la semaine prochaine. Par contre, du croustillant avec un debrief la semaine suivante.

Hâte de vous raconter cette belle aventure !

Sur ce, des bisous et à mardi dans deux semaines.

(si je n’ai pas coulé sous une vague)

Diane

PS : Maman (puisque tu es par ici), c’est une blague, je ne vais PAS couler sous une vague. Je prendrai des brassards discrètement sous ma veste. Et puis, même s’il y a des vagues, je ne sais pas plonger mais nager oui, alors je ne crains rien 🤓