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Me revoilà (avec des maxi lunettes effet mouche) pour la douzième édition de Chapitre (la newsletter qui démystifie le fait d’écrire un roman). Ici, je pars de zéro et te raconte mon périple vers l’écriture de mon premier roman 💛
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Programme
Ecrivain ou écrivaine ? That is the question
Le jeu de l’incipit (on s’amuse comme des petits fous)
Exercice : un mec chelou sur un banc
Ecrivain ou écrivaine ?
Vous avez 4h. Et deux copies doubles.
Non, je rigole. C’est les vacances, je ne vais pas vous imposer une dissertation. Pourtant, c’est une question que je me pose quotidiennement. Dit-on écrivain ou écrivaine ? Ou autrice ? Ou femme qui écrit tellement de mots que si on les met ensemble ça en fait un bouquin ? Ou autre chose ? Oui, ça me turlupine. Et vous commencez à me connaître, je me devais de vous partager ce trouble.
Revenons-en à nos moutons. Nos vaches pour être plus précise, c’est clairement ce que l’on croise le plus là où je me trouve actuellement.
Alors, quel est le bon terme à utiliser ?
Katherine Pancol se présente comme écrivain, parce que dans “écrivaine”, il y a “vaine” (qui est dépourvu de valeur, de sens) et que ça ne vend pas du rêve. Ça se tient. Et sinon, qu’en dit la grammaire française ?
Quelques éléments historiques :
Au Moyen-Âge, on parle d’autrix (un nom qui aurait été parfait dans un Astérix)
À la Renaissance, le terme “autrice” se répand. Le débat sur les genres explose.
Au XIIe siècle, le statut d’écrivain se professionnalise. L’Académie française (non mixte) est créée. Le terme “autrice” est proscrit et éradiqué des manuels. OKLM.
En 1891, Marie-Louise Gagneur interpelle l’Académie. Féminisation et légitimation du statut vont de pair. Le débat est politique. L’Académie juge que le métier d’écrivain ne sied pas à une femme. “Écrivaine” et “autrice” sont enlevés du dictionnaire.
En 1905, Jules Renard disait “les femmes cherchent un féminin à auteur : il y a bas-bleu.” Je vous glisse une image de ce que l’on trouve sur Google pour ce terme. Pour la faire courte : “femme à prétentions littéraires”, “intellectuelle pédante”.
Aujourd’hui, “autrice” est accepté au Scrabble et entré dans Le Robert.
Voilà, maintenant vous savez.
Pour ma part, je ne me sens encore rien de tout cela, et je pense que ça restera comme cela tant que je n’aurai pas terminé mon premier livre. Disons que je suis une écrivaine en devenir. Mais pas bas-bleu, ça c’est sûr.
Redécouverte du concept d’incipit
Je devais dormir au moment où l’on a abordé ce concept en cours de français. Ou alors c’était quand je transformais cette feuille de papier en avion en classe de latin ? Ou bien est-ce simplement ma mémoire de poisson rouge qui me joue encore des tours ? Toujours est-il que ce mot avait disparu de mon vocabulaire. Paf, volatilisé.
Et vous, vous l’avez ? L’incipit (à prononcer en version latine), ce sont les premiers mots d’un livre, la première phrase d’un ouvrage. Celle sur laquelle tant d’écrivains s’arrachant les cheveux, celle qui est si déterminante pour le lecteur.
Et je me suis dit que c’était l’occasion de faire un petit jeu. Voilà donc cinq incipit incontournables de la littérature. Genre, vraiment célèbres.
À vous de deviner les livres correspondants ? 👇
“Ça a débuté comme ça”
“Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins”
“Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.”
“C'est fini. La plage de Big Sur est vide, et je demeure sur le sable, à l'endroit même où je suis tombé.”
“Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon.”
Okay, je l’admets. Certains sont plus simples que d’autres. Ou moins difficiles.
Rassurez-vous, les réponses se trouvent tout en bas de cette newsletter, mais pas de triche. En attendant, n’hésitez pas à lancer le débat autour du barbecue, ou après quelques mojitos. C’est l’occasion de replacer la littérature au coeur de l’été et de challenger (enfin) tonton Bernard, le king incontesté du Trivial Pursuit.
C’est un mec chelou sur un banc
Mon défi d’écriture de l’été se poursuit. Cette semaine, j’avais pour consigne d’écrire un petit texte en partant de l’incipit suivant : un être vivant est assis sur un banc dans une position étrange. Assis est un bien grand mot. Voilà le résultat.
Un être vivant est assis sur un banc dans une position étrange. Assis est un bien grand mot. L’humain est sens dessus dessous. Plus proche d’un pantin désarticulé qu’un hominidé comme ceux que l’on croise dans les rues de Paris.
Ses jambes sont pliées en deux et posées sur le dossier de telle sorte que ses pieds pendouillent en balançant vers l’arrière de la banquette en métal. Son cul est calé dans le creux, là ou l’assise fait un angle. Son dos est écrasé là où sont habituellement posées les fesses et sa tête est à la renverse sur le sol. Pour compléter le tableau, ses longs cheveux viennent chatouiller le béton.
Peut-être la mairie devrait elle ajouter des panneaux pour clarifier le concept de ce banc. "Prière de ne pas fumer dans les aires de jeux collectives". "Prière de jeter vos déchets dans les poubelles prévues à cet effet". "Prière d’utiliser le mobilier urbain et de vous asseoir comme détaillé dans le schéma ci-dessous".
Visiblement, monsieur l’inconnu est passé à côté de l’info.
Ou alors il joue à un genre de tétris humain. Oui, c’est sûr. En observant la scène, tout est clair, c’est forcément ça. Il forme un joli tétromino rouge vif. Une forme parfaite pour compléter la ligne et remporter quarante points. Il ne lui manque qu’un acolyte pour terminer cette étape avec brio. Je me tâte à venir lui donner un coup de pouce, à nous deux on aurait rendu verts les meilleurs joueurs de la planète. Mais j’ai rendez-vous avec Matthieu et tel que c’est parti, je vais encore être en retard. Déjà vingt minutes. Je me vois mal comment lui expliquer que je devais compléter un tétris humain sur un banc avec un illustre inconnu. Il m’aurait encore prise pour une illuminée.
Alors je passe mon chemin. Et je croise les doigts pour qu’un autre passant lui vienne en renfort. Ou qu’il apprenne à s’asseoir comme les concepteurs de ce banc l’avaient imaginé à la base.
Et voilà, cette édition est déjà finie.
Je file terminer mon sac à dos. Demain je pars en périple en randonnée dans les Pyrénées. Mon objectif ? Sympathiser avec des marmottes. Et vérifier qu’elles mettent bien le chocolat dans le papier alu.
En attendant, votre mission si vous l’acceptez : un like, un partage, un abonnement. D’ailleurs, dîtes-moi en commentaire si vous aviez trouvé les incipit et lesquels ? Très curieuse de lire vos réponses.
À mardi prochain,
Des bisous.
Diane
Les réponses par ici :
“Ça a débuté comme ça” - Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline
“Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins” - Lolita de Nabokov
“Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.” - L'Étranger d’Albert Camus
“C'est fini. La plage de Big Sur est vide, et je demeure sur le sable, à l'endroit même où je suis tombé.” - La Promesse de l’aube de Romain Gary
“Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon.” - Anna Karénine de Léon Tolstoï
Lorsque j'ai tenté d'écrire, j'ai écrit l'incipit en premier, sans expérience ni les détails de l'histoire qui allait suivre. Mais ne serait-il pas plus judicieux de finir d'écrire son livre par l'incipit ?
Yeaaah j’avais Camus et Gary #proud