Les coulisses d’une maison d’édition pas comme les autres 📖
#70 - Ou l'art de redonner aux lecteurs le goût aux classiques.
Coucou,
J’espère que vous allez bien.
De mon côté, j’essaye de faire abstraction de la grisaille extérieure. Avec plus ou moins de réussite. D’ailleurs (aucun lien avec ce qui précède mais ça faisait mieux comme début de phrase) : vous avez vu ? Le jeu des Sims fête ses 25 ans.
C’est bizarre, parce que clairement, c’était juste hier que j’y jouais. C’était hier aussi les fiches Diddl (la souris qui a réconcilié le monde avec les souris), le Nokia 3310 (et le snake - le jeu pas le DJ !), Manau (dans la vallée oh oh). Toutes ces choses qui en 24h (ou presque) n’ont pas vieilli d’une ride. Comme moi (non). La preuve, elles reviennent même en force : les Sims et Diddle sont de retour. Et ça, c’est une excellente nouvelle. Alors pour continuer sur cette belle dynamique : voilà une nouvelle édition de Chapitre.
Bonne lecture !
Les petits à côtés 🎁
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Programme du jour
Une maison d’édition pas comme les autres 📚
Trois infos littéraires croustillantes ✨
Manuscrit 2.0 : réécriture imminente 💌
Les coulisses d’une maison d’édition pas comme les autres 📖
Il y a quelques jours, j’ai fait la découverte d’une maison d’édition un peu spéciale : Arco Editions. Leur crédo ? Redonner aux lecteurs le goût aux classiques ✨
J’ai trouvé la démarche tellement géniale que j’ai voulu en connaître les coulisses. Cela tombe bien, Abdou, le fondateur a accepté de tout me raconter.
Mais avant d’aller plus loin, je me dois de vous raconter une anecdote 👇
J’ai toujours lu. Beaucoup. Probablement que je lisais déjà dans le ventre de ma mère. Pourtant, au lycée quand on m’a imposé de me plonger dans l’oeuvre de Proust, j’ai cru m’étouffer avec ma propre salive. C’était long. Très long. Tellement que pour abréger ma souffrance, j’ai un peu triché. Comment ? En sautant des passages par-ci par-là. Des descriptions. Des éléments qui ne me semblaient pas essentiels. Résultat ? Quand je suis arrivée en cours et que j’ai réalisé qu’on allait décortiquer le passage sur la madeleine… J’ai déchanté. Ça faisait partie de ce que j’avais squeezé. Pas d’bol. Je m’étais farci 2400 pages pour rien. Depuis, les classiques, je ne vous cache pas que je les ai (un chouilla) en travers de la gorge. Pourtant, avec le temps, j’y reviens. Je réalise que je suis passée à côté de quelque chose. À côté d’oeuvres résolument intemporelles. Alors franchement, qu’une maison fasse la démarche de me réconcilier avec ça : je dis OUI 👰
Donc, reprenons.
Abdou est franco-marocain.
Petit, la culture n’occupe pas une place centrale dans son quotidien.
C’est à 21 ans qu’il découvre ses premiers classiques (avec Oscar Wilde & Virginia Wolfe) et pendant ses études les suivants. Madame Bovary. Le rouge et le noir. Sa curiosité grandit. Une étincelle s’allume. Et puis, quelques années plus tard, son travail de cadre l’épuise, il fait un burn out. C’est là qu’il décide de changer de voie et d’accorder à la littérature une place plus grande dans sa vie.
En 2018, il lance un podcast pour parler des classiques.
En parallèle, il découvre à Paris les librairies anglo-saxonnes. The Abbey Bookshop, WH-Smith bookstore, Shakespaeare & Co. Là, il fait un constat : les couvertures n’ont rien à voir avec celles que l’on voit en France. Plus colorées. Plus variées. Mais surtout… Plus accessibles et moins élitistes. Il crée même un board sur Pinterest avec toutes ses inspirations, ses coups de coeur. Voici un aperçu 👇
En janvier 2024, il discute avec des jeunes dans un rayon de la FNAC. Ce qui ressort ? Les éditions Folio leur rappellent des mauvais souvenirs scolaires.
L’idée germe : il va lancer sa maison d’édition. Il va redonner à tous envie de se (re)plonger dans les classiques 💡
Et dans sa tête, les choses sont claires 👇
Une collection design & sexy pour attirer l’oeil en librairie
Une couverture iconique que l’on a envie de glisser dans sa bibliothèque. Il passe d’ailleurs l’été 2024 à imaginer la couverture avec Matus Hnat. Voilà un aperçu de ses inspirations : du rouge, de l’illustration, un look rétro.
Un format similaire à celui des livres anglosaxons (plus grand qu’un livre de poche pour une lecture plus confortable)
Un papier fin pour que le volume du livre n’intimide pas (bien vu !)
Un livre brut, sans préface ou postface, parce qu’il sait que son lectorat préférera creuser le thème via des podcasts ou des vidéos
Novembre 2024 : il lance la première collection Triomphez.
Une sélection de 3 livres qui abordent le thème de la réussite avec 3 angles différents :
le triomphe de l’homme par le corps avec Maupassant
le triomphe de l’homme par l'intelligence avec Stendhal
le triomphe de l’homme par le vice avec Zola.
Deux mois plus tard, déjà 400 livres ont été vendus.
Mieux, les gens n’achètent pas un livre, ils achètent le lot. Du jamais vu. Les signaux sont tellement positifs qu’une nouvelle collection se prépare et devrait arriver en juin (mais je ne vous ai rien dit) 🤫
Trois infos littéraires à ne pas manquer ✨
Hop, quelques découvertes que je me devais de vous partager 👇
✍️ Métier : chasseur de manuscrits - À l’université Beinecke de Yales, aux États-Unis, il existe une personne dont la mission est d’enquêter pour aller dénicher et acheter les manuscrits des plus grands écrivains de ce monde. Sympa comme boulot non ?
📸 La Poetry camera - Les designers Kelin & Ryan ont imaginé un appareil photo ( drôlement ressemblant au polaroid) qui, plutôt que d’imprimer une image, écrit un poème à partir de ce qu’il voit. Le résultat est bluffant !
💊 La lecture sur prescription - L’autrice Laure Limongi à créé, à l’occasion d’une Résidence à la villa Médicis (Rome), le Service des panacées. L’idée ? Des consultations médicales au cours desquelles elle prescrit des livres.
💡 La reco bonus du jour : The Storyline ✨
Voilà une newsletter qui pourrait vous plaire. Deux fois par mois,
décrypte (avec brio) la stratégie d’une marque pour comprendre comment elle est devenue une référence culturelle. Lush, Innocent, Birkenstock… C’est le rendez-vous pour les fans de branding & communication.Manuscrit 2.0 : réécriture imminente 💌
Je vous parlais dans le dernier numéro du retour reçu par une éditrice.
Vous avez été très (très) nombreux à m’envoyer des messages et encouragements. Un grand merci ! Ça me donne encore plus de motivation pour la suite. Comme promis, j’ai organisé mon agenda pour libérer du temps dans les prochaines semaines afin de me plonger dans la réécriture. Il y aura même une parenthèse en Normandie pour pouvoir déconnecter et me concentrer à 100% (le tout en bonne compagnie - comme le prouve la photo ci-dessous à droite). Hâte !
Clap de fin de cette édition #70.
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Sur ce, je vous dis à dans deux semaines,
Des bisous,
Géniale cette maison d'édition qui modernise les classiques ! Ça me donne envie de relire Le Rouge et le Noir :)
Ah, Proust... J'en ai emporté un en voyage quand j'avais seize ans (me disant qu'il fallait que je découvre cet auteur incontournable). Je pensais que, vu l'épaisseur du livre (édition Folio, bien sûr), il me suffirait pour mes trois semaines au Québec. Je n'ai donc mis aucun autre ouvrage dans ma valise. Ne parvenant pas à lire ce cher Marcel, en raison de ses phrases interminables, je me suis donc retrouvée sans lecture disponible. Double calvaire !
Par contre, j'ai lu tous les Rougon-Macquart de Zola, que mes parents avaient achetés en version cuir dorée à l'or fin pour faire joli dans leur salon (ils ne les ont jamais ouverts). Je ne me souviens plus de "La Curée". Ton article sur les éditions Arco me donne envie de relire ce titre, mais je privilégierai quand même la version "beau livre" illustrée de gravures d'époque. En revanche, pour Le Rouge et le Noir, cette nouvelle édition me plairait beaucoup.