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Me (re)voilà pour cette édition #17 de Chapitre (la newsletter qui démystifie l’écriture d’un livre). Ici, je te raconte mon périple vers l’écriture de mon premier roman.
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Nombre de mots au compteur : 0 (hein ?). Explication plus bas.
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Programme
L’art de la suggestion par Steven Spielberg
Un pas en arrière, trois pas en avant
Ecriture ✒ : “Le truc au fond des rideaux”
L’art de la suggestion par Steven Spielberg
J’ai découvert une anecdote assez cool (que je vous livre du coup par ici).
Dans le film “Les Dents de la mer”, le requin n'apparaît qu'au bout d'une heure et 21 minutes. Ça parait fou, et pourtant. D’ailleurs, ce n'était pas prévu.
Il devait apparaître dès les premières secondes, mais il y a eu un changement de programme. La maquette du requin avait été testée en eau douce. RAS. Tout fonctionnait. Sauf que le tournage réel se passait dans l’eau salée. Et que l’eau salée a fait dérailler le système. Résultat ? Maquette détruite dès le début du tournage.
Plus de requin, plus de film ?
Qu’à cela ne tienne. Steven Spielberg a transformé cette galère en opportunité.
Son astuce ? Plutôt que de montrer le requin, il crée le suspens en suggérant la peur. Les jambes sous l’eau, du sang sur le rivage, une serviette qui flotte… Et c’est pire. C'est justement ce qui a donné toute sa force au film (qui a marqué plusieurs générations). Cette anecdote, c’est l’illustration parfaite d’un concept clé en écriture.
Ce concept, je le découvrais et vous le partageais rapidement dans la 2ème édition de cette newsletter (avec les conseils d’écriture de Katherine Pancol).
Ce conseil est simple : “ne dîtes pas, montrez”. Et plus concrètement ?
Ne dîtes pas que votre personnage a peur, montrez-le.
Ne dîtes pas qu’un personnage est amoureux, montrez-le.
Ne dîtes pas qu’elle est énervée, montrez-le.
C'est comme ça que les émotions passent, que le lecteur se met à la place du personnage. Bref, l’astuce ultime. Et c’est ce que j’essaye (à mon humble échelle) d’intégrer en ce moment dans mon écriture 🥇
Un pas en arrière, trois pas en avant
Reprenons l’explication évoquée en introduction.
J’arrête le compteur de mots. Oui, c’est rude dit comme ça. Rassurez-vous, ça ne veut pas dire que j’arrête mon aventure, bien au contraire. Jusque-là, je comptabilisais tout ce que j’écrivais. Notes, exercices, description de personnages, débuts d’histoire, pensées, etc… Et puis souvent j’efface, je reprends, je corrige, je complète.
Bref, ce chiffre n’a pas beaucoup de sens par rapport à l’avancée du roman.
D’ailleurs, pour mieux comprendre l’ampleur du sujet, quelques chiffres :
Un roman fait aujourd’hui entre 60 000 et 100 000 mots en moyenne
Beaucoup d’écrivains se fixent l’objectif d’avancer de 1000 mots par jour
Si je respecte ma deadline (fin d’année), et que je vise 80 000 mots, ça fait donc 666 mots par jour. Or je travaille la semaine. Donc ça fait plus les soirs et weekends. Autrement dit ? Ça s’annonce intense. Que c’est grisant.
Quoi qu’il en soit, je vous tiendrai au courant des avancées ;)
Et maintenant, place à votre rubrique préférée, l’exercice d’écriture.
Écriture : “Le truc au fond des rideaux”
C’est l’histoire d’une personne qui veut passer une soirée chill, mais qui se retrouve nez à nez avec quelque chose qui l’en empêche. Une histoire qui peut faire frémir certains, et en faire sourire d’autres. C’est parti.
La soirée s’annonce paisible. Alix est affalée sur un canapé moelleux, les pieds emmitouflés dans un plaid pendant que l’eau chauffe dans la bouilloire. Place à la détente. Un léger signal retentit, l’eau dans la bouilloire est prête. Elle se relève, prépare son thé et fait étape par les rideaux pour les fermer.
Au moment où elle s’apprête à tirer le tissu, son regard s’arrête.
Elle vient de voir quelque chose qui la fait frémir.
Un petit amas blanc niché entre deux plis. La chose fait cinq centimètres de diamètre (et doit abriter au moins le big bang). Cette boule infâme est agrippée au tissu comme une moule à son rocher. Alix s’affaisse. Son coeur fait un bond, puis s’arrête. Net. Une mort cérébrale express, un mécanisme d’auto défense comme seul son organisme en a le secret. “Bordel de bordel de merde”.
Là-haut, l’oeil l’observe. Alix se ressaisit, rassemble les miettes de courage qui trainent au fond de ses poches et monte sur le canapé pour voir ce qui se trame. Mauvaise idée. De près, c’est encore plus laid. Des noeuds, une texture cotonneuse et dedans… Ce qui a tout l’air de ressembler à un être vivant. Et dans “être vivant”, il y a “vivant”. Là où la couche blanche est moins épaisse, elle discerne un bout de corps. Épais. Velu. Quelques centimètres plus loin, une patte qui frétille.
Stop. C’est trop. Changement de programme.
Le lit sur la mezzanine est un bien meilleur endroit pour s’installer. Elle se plonge dans la lecture d’un magazine, puis sombre. Puis se réveille en sursaut. Quelque chose était en train de marcher sur son bras. Non, c’était juste son souffle. Elle se rendort, l’oeil droit à moitié ouvert. Puis se réveille de nouveau. En panique. C’est sûr, là il y avait quelque chose. Elle allume le flash de son téléphone, scrute les environs. Rien. Dix minutes plus tard, elle s’assoupit… Puis rebelote.
La nuit va être interminable. Elle doit faire quelque chose.
Malheureusement, pas de bazooka dans le placard. Pas de lance-flammes non plus. La seule arme à proximité ? Un aspirateur à main. Moins impressionnant, certes, mais ça peut faire le boulot. Environ trente centimètres de long, ça devrait suffire pour approcher la chose, sans trop l’approcher. Mais quand même lui régler son compte.
Puissance maximale activée. Tant pis pour les voisins, question de survie. Elle approche. Un pas. Puis l’autre. Doucement. Elle y est. Alix tend le bras, plisse les yeux, pousse un cri de guerrière et se lance. L’aspirateur donne tout ce qu’il a. Un frisson lui parcourt les bras. Si la chose lui tombe dessus, son cri va réveiller tout le quartier. Elle persévère, tend le tissu avec sa main libre, ne lâche pas la pression de l’aspirateur, le tourne pour décrocher tout le nid. Ne rien laisser. La toile se décolle. Un dernier fil. Alix reprend du poil de la bête. Ah ! “Tu mouftes plus là hein ?”. Grognement bestial. Elle y est. Il ne reste plus qu’une tâche blanche sur le tissu, le reste a été aspiré par les ténèbres de son Dyson. Et puis. Silence.
Elle est épuisée, mais soulagée. Plus qu’une étape.
Vu l’ampleur de la bestiole et le nid qu’il y avait, ça doit pouvoir ressortir. Par milliers. Les recherches sur Google ne la rassurent pas. Elle pose l’ustensile et attrape le spray le plus toxique qu’elle puisse trouver dans son placard à ménage. Elle pulvérise tout ce qu’elle peut à l’intérieur. Voilà, le tour est joué.
Elle retourne s’allonger, fière. Qui sait, avec cette vitesse de progression, elle pourra peut-être partir explorer l’Amazonie demain.
Clap de fin de cette édition #17.
Dans les prochaines semaines, je vais pouvoir consacrer un peu plus de temps à l’écriture. Seule, au calme. Hâte de vous partager mes retours d’expérience. Ah, une petite question pour la fin.
C’est tout pour moi. Merci d’être là, merci pour vos réponses. Comme d’habitude, un like, un partage, un commentaire, et me voilà (au moins) au 7ème ciel.
À mardi prochain,
Des bisous.
Diane
Très bien écrite cette histoire, j'avoue que tu as su donner une dimension épique à ce face à face avec une araignée. Néanmoins, mon coeur d'écolo saigne un peu en apprenant qu'à ça a réellement eu lieu parce que... c'est fort dommage d'avoir tuer cette petite bête 🥹 Maintenant je m'applique à cohabiter avec le vivant, surtout depuis que je suis que les araignées ne nous veulent aucun mal et ne peuvent pas nous quoique ce soit (en France, je précise).
« Penser à ramener la bombe anti rampants à longues pattes noires pour le prochain séjour… »